Regarder « Persona » m’est insoutenable.
C’est souvent le cas d’une œuvre pornographique.
Il y a le gros plan qui oblige l’œil, bien sûr (Griffith aurait, dit-on, « inventé » cette figure pour se rapprocher du visage de Lilian Gish, dont il était épris), qui impose au cadre la charge maximum d'intensité que peut produire le cinéma, qui induit la concentration du regard de l'autre, le spectateur sans lequel le film n'existe pas.
Il y a le gros plan qui oblige l’œil, bien sûr (Griffith aurait, dit-on, « inventé » cette figure pour se rapprocher du visage de Lilian Gish, dont il était épris), qui impose au cadre la charge maximum d'intensité que peut produire le cinéma, qui induit la concentration du regard de l'autre, le spectateur sans lequel le film n'existe pas.
Il y a en suite la
nudité, qui est vraie, qui est obscène. La vérité ne se dit pas, ne parle
pas : elle se montre, elle est criante. L’obscénité est une mise en scène,
le propre d’une mise en scène – pour quelqu’un qui est bien cinéaste et non un
cinéaste bien –, c’est à dire la mise en lumière – nudité – des émotions –
intimité. Tout le poids de l'être dans des yeux. Ceux des personnages. Ceux des spectateurs.
Jean Renoir disait filmer la pensée sur les visages. Bergman sait la beauté de l’obscénité d’un
regard, il parle la langue du visage et sait la traduire dans le langage du
cinéma. L’insoutenable c’est ce trouble, de l’ordre public toujours, et du mien - privé -
parfois, lorsqu’un film me regarde, quand je m’y reconnais. Une distance –
celle de la projection – explose. Je suis aspiré tout entier. Et c’est le déni qui s’avance dans un
paradoxe saisissant : les histoires des autres ne nous intéressent pas si
nous ne nous y reconnaissons pas, alors pourquoi refuser de savoir quelle tête
on a quand… ?
Jean Cocteau suggérait aux miroirs de réfléchir un peu plus. Ceux de Bergman ne peuvent guère réfléchir davantage.
Jean Cocteau suggérait aux miroirs de réfléchir un peu plus. Ceux de Bergman ne peuvent guère réfléchir davantage.
Pénalement ce qui est interdit n’est que de l’ordre d’une
nudité localisée, anatomiquement parlant.
Rien de grave en somme, ce ne sont
que des parties ne valant pas pour le tout.
Le visage c'est autre chose...
Le visage c'est autre chose...
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